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Rencontre avec le Dr Franck Lesgourgues

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Dr Philippe Pirnay : Vous avez pratiqué la chirurgie dentaire pendant 17 ans…, et à l’âge de 47 ans vous décidez de cesser votre exercice libéral pour vous consacrer exclusivement à la sculpture. Comment et pourquoi avoir pris cette décision ?

Dr Franck Lesgourgues : Je sculptais déjà avant mes études dentaires et j’ai toujours pratiqué cette activité artistique en parallèle à ma vie professionnelle, mais en n’exposant que chez moi.

Aujourd’hui, après 17 ans d’activité dans ce très agréable petit village du sud de la Gironde, c’est la conjonction de plusieurs évènements (un projet de restructuration du cabinet repoussé, un acheteur potentiel immédiat, et l’envie, la nécessité, l’urgence de montrer mes créations) qui m’ont permis de prendre ce virage. Un tournant de la vie que l’on ne prévoit pas forcement même si les graines germaient depuis quelques temps.

Dr. Ph. P. : A quel âge avez-vous découvert la sculpture et comment a évolué votre plaisir d’explorer les formes, les textures et les volumes des matériaux ?

Dr F. L. : Dès l’adolescence, un canif en poche je taillais les bouts de bois glanés lors de mes ballades, je ramassais aussi coquillages et cailloux. Les formes révélées par la nature n’avaient pas à être beaucoup modifiées.

J’adorais en première année les cours d’anatomie dentaire et la sculpture des dents dans la cire rouge, je n’étais pas mauvais – une amie de TP, rencontrée aux 20 ans de la promo, me l’a rappelé récemment. Avec le temps, les instruments, la technique et les matériaux se sont améliorés.

Dr. Ph. P. : Que vous a apporté la chirurgie dentaire dans votre démarche artistique ?

Dr F. L. : Je dirais la technique manuelle d’abord, l’organisation du travail, le souci du détail, et les instruments rotatifs bien sûr.

Dr. Ph. P. : Comment choisissez-vous les matériaux que vous sculptez ? Pourquoi le marbre vous attire- t-il particulièrement ?

Dr F. L. : J’ai longtemps travaillé le bois mais le désir de création vous conduit à tâter un peu toutes les matières – j’en ai tout un stock. Un jour de 1997, un bout de marbre blanc m’est tombé dans les mains, les fraises diamantées et l’inspiration ont fait le reste. Mon intérêt pour le marbre vient de son travail agréable ainsi que du rendu fini qu’il permet. Le polissage est essentiel dans mon travail. Bien sûr, la noblesse de la matière m’a attiré : des drapés des sculptures italiennes au pommeau de l’escalier qui mène au Taj Mahal, le marbre m’a en fait toujours séduit, voire fasciné.

Dr. Ph. P. : Vos oeuvres représentent des objets inconnus, sans nom… Comment les concevez-vous ?

Dr F. L. : C’est tout un monde « ArchéOnirique » que j’explore ! Mélangez le rêve et l’archéologie. Le rêve pour l’inspiration que je puise dans les formes naturelles, minérales et organiques, et aussi dans la Science Fiction. L’archéologie en métaphore à la recherche, l’exploration et la découverte d’objets : ceux-ci proviennent d’un autre lieu, d’un autre temps, passé, futur, la question reste posée.

Des objets innomés, sinon par une référence chiffrée, pour stimuler l’imagination de l’observateur, auquel je laisse le soin de nommer la pièce en fonction des sentiments qu’elle lui inspire directement, en la regardant, mais aussi et surtout en la touchant. Le marbre poli attire souvent le toucher, c’est un élément essentiel de mes sculptures.

Dr. Ph. P. : Comment vos patients ont–ils suivi votre parcours jusqu’à votre reconversion ?

Dr F. L. : J’habite encore dans le village où j’exerçais, et mon atelier s’y trouve. Je rencontre donc régulièrement d’anciens patients. Après quelque étonnement – je ne parlais que rarement de mes sculptures auparavant – et quelques reproches gentils pour les avoir « abandonnés », tous m’encouragent et plusieurs sont venus voir mes expositions avec intérêt. Ces remarques me confortent dans mon choix de reconversion.

Dr.Ph.P. : Quel est votre plus agréable souvenir dans votre exercice de praticien ?

Dr F.L. : Ce n’est pas un souvenir ponctuel, juste le sourire de l’enfant qui descend du fauteuil après un soin, en disant à sa mère : « même pas mal ». C’était à chaque fois un plaisir, car ces trois mots signifiaient : « J’avais peur, j’ai eu confiance et j’ai gagné. »

Dr.Ph.P. : Avez-vous une expérience que vous aimeriez partager avec nos confrères ?

Dr F. L. : Je pense que nombre de confrères partagent cet amour du travail de sculpture, n’est-il pas sympa de reconstruire une belle face triturante ? Je sais que l’âme artistique hante la profession, de nombreux confrères pratiquent, peut-être un peu plus la sculpture qu’un autre art : alors, exprimez vous ! La sculpture est aussi pour moi une sorte de méditation qui m’a toujours aidé à compenser le stress professionnel.

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A propos de l'auteur

Dr. Franck LESGOURGUES

Docteur en chirurgie dentaire
Sculpteur

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