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Rencontre avec le Dr Jean-Marc Preynat

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Dr Philippe Pirnay : L’UJCD est signataire de la dernière convention dentaire avec l’Assurance Maladie. Signeriez-vous à nouveau aujourd’hui ce même texte ?

Dr Jean-Marc Preynat : Oui, pour les mêmes raisons qui nous avaient conduit, après avoir longuement pesé le pour et le contre, à ce choix difficile et impopulaire. Le point essentiel, que beaucoup n’ont pas relevé par méconnaissance de l’ancienne convention, est le fait que la liberté d’honoraires soit posée comme un principe pour les traitements prothétiques et orthodontiques. De 1997 à 2006, la profession a vécu sous l’emprise d’un texte liberticide sur ce sujet. D’autre part, nous avons réussi à faire prendre en compte nos priorités dans la répartition de l’enveloppe financière. Le seul moyen d’être acteur du système, c’est d’être dans le système. Il est normal que les professionnels attendent beaucoup de leurs syndicats : les résultats obtenus paraissent toujours insuffisants au regard des attentes.

Dr. Ph. P. : On parle d’un problème de démographie professionnelle. Quelles sont les évolutions souhaitables dans ce domaine ?

Dr. J.-M. P. : Le problème démographique n’est pas lié à un manque de chirurgiens-dentistes, mais à une mauvaise répartition de ceux-ci sur le territoire. C’est la raison pour laquelle nous sommes opposés à une augmentation forte et aveugle du numerus clausus, surtout sans nouveaux moyens financiers et humains pour les étudiants. Ce serait mettre en péril la qualité de leur formation initiale.

Dr. Ph. P. : Vous êtes partisan de la « mutation des cabinets de chirurgie dentaire en véritables entreprises libérales de santé ». Pouvez-vous expliquer comment nos cabinets devraient changer ?

Dr. J.-M. P. : Quelques exemples pour illustrer ce changement nécessaire :

  • Rares sont les praticiens qui définissent quel chirurgien-dentiste ils veulent être, quel cabinet ils veulent avoir, quelle clientèle ils veulent servir et comment. Les praticiens naviguent à vue, sans vision de leur avenir. Ce modèle de pensée n’a plus cours depuis longtemps dans les entreprises.
  • Dans la majorité des cas, le schéma un dentiste/une assistante reste d’actualité. Nombre de praticiens exercent seuls et font « l’homme-orchestre ». Ceci ne peut perdurer en l’état.
  • L’exercice en groupe ne se conçoit dans notre profession que pour partager des dépenses et mettre en commun des moyens. La révolution culturelle consiste à mettre en commun honoraires et compétences, au bénéfice du développement de l’entreprise et de tous ceux qui y travaillent.
  • Les praticiens fixent le plus souvent le montant des actes à honoraires libres en fonction d’un « prix de marché » pour les actes prothétiques. Et pour les actes non remboursables, ils sont désorientés. Ou même pire : ils les effectuent gratuitement ! Cela doit changer !

Dr. Ph. P. : Êtes-vous « pour ou contre » la création d’un corps d’hygiénistes dentaires ?

Dr. J.-M. P. : Nous y sommes opposés. En même temps, nous sommes favorables à la délégation de certaines tâches vers nos assistantes dont la formation, la compétence, et le statut doivent évoluer. Ces actes seront toujours dispensés sous notre responsabilité, cette notion est fondamentale. Notre combat en faveur de la création d’un « chaînon manquant », à savoir l’« auxiliaire dentaire » sur le modèle des manipulateurs radios, a été à nouveau mis en avant récemment lors des EGOS au ministère de la Santé. Les transferts de compétences sont d’actualité. Nous pensons que le moment est venu pour que le concept « d’équipe dentaire » prenne tout son sens.

Dr. Ph. P. : Êtes-vous « pour ou contre » la mise en place de la CCAM ?

Dr. J.-M. P. : Tant que nous ne disposerons pas d’une liste d’actes avec des libellés conformes à ce qui se pratique aujourd’hui, nous ne serons pas en mesure de négocier quoi que ce soit de pertinent et novateur. Nous avons fait de ce dossier une de nos priorités. Nous souhaitons mettre en place la CCAM, d’ores et déjà publiée au Journal Officiel, pour remplacer la NGAP.

Dr. Ph. P. : Quel est votre plus agréable souvenir dans votre exercice de praticien ?

Dr. J.-M. P. : Choix difficile, tant la profession que nous exerçons est riche et variée. Je pense quand même encore souvent à ma première installation dans mon propre cabinet. J’ai pris alors toute la dimension de la diversité de notre métier, mais aussi toutes les adaptations qu’il était nécessaire de mettre en place pour réussir son projet professionnel. La formation initiale ne nous apprend rien dans ce domaine. Ce fut pour moi une révélation qui a déterminé beaucoup de choses dans la suite de ma carrière.

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A propos de l'auteur

Dr. Jean-Marc PREYNAT

Docteur en Chirurgie dentaire
Président de l’UJCD-Union dentaire

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