Une des questions que chaque praticien se pose le jour où il envisage de faire évoluer sa pratique vers la CFAO, outre les différentes remises en question techniques indispensables, l’engagement nécessaire et la peur de ne pas maitriser le temps, concerne sa rentabilité éventuelle.
Je me propose de faire profiter aux confrères intéressés par cet aspect de la CFAO, des réponses à ces questions que je me suis posées il y a une dizaine d’années, juste avant de faire le grand saut (à l’époque dans l’inconnu).
Tout d’abord de quelle CFAO parlons-nous ? Directe ? Indirecte ?
Le point commun entre CFAO directe (la pièce prothétique est conçue, usinée et maquillée au cabinet et peut-être posée en une seule séance) et la CFAO indirecte (la pièce prothétique est produite au laboratoire et posée le jour de l’empreinte ou de façon différée) est ce que j’appelle la porte d’entrée vers la CFAO : l’empreinte optique.
Pour des raisons de simplicité, j’ai n’ai volontairement pas fait de différence entre les deux types de CFAO et leur porte d’entrée.
Il est réducteur d’associer la rentabilité à l’aspect purement financier de cette pratique.
C’est à dire : « Combien coûte une pièce prothétique ? », « Vais-je gagner la même somme qu’avant avec mes prothèses classiques ? » etc…
L’étude de la rentabilité doit dépasser ce simple questionnement.
Il faut envisager la rentabilité beaucoup plus largement, sous de multiples aspects. Ces différents aspects sont résumés dans la figure 1.
Il est facile d’identifier un certain nombre d’avantages liés à chacun de ces aspects.
Pour l’aspect financier :
- économie de matériau à empreinte
- possibilité de soin en une seule séance
- pas de provisoire
- faible coût des blocs de céramique
- pas de pièces prothétiques implantaires de laboratoire
- pas de modèle
- très peu de casse donc de dents à refaire
Pour l’aspect temps :
- empreinte plus rapide
- pas de rétraction gingivale
- une seule séance possible
- gestion des rdv facilitée
- délais de labo réduits
- peu de dents à refaire
Pour l’aspect compétences :
- le grossissement des préparations jusqu’à 30 fois lors de l’empreinte permet d’améliorer ses préparations
- contrôle des axes d’insertion
- contrôle des contre-dépouilles
- acquisition de nouveaux matériaux
- développement de compétences de collage
- possibilité d’utiliser les remontées de marge
- nouvelles indications
Pour l’aspect technique :
- travail en moyenne deux fois plus précis
- solidité des prothèses augmentée
- pas de métal
- meilleure gestion des tissus mous
- connexion possible avec CBCT
- planification implantaire possible
- planification ortho possible
Pour l’aspect organisation :
- gestion du cahier de rdv facilitée
- possibilité de dédier une salle à l’empreinte optique
- possibilité de déléguer empreinte optique, design, maquillage
- le plan de travail reste propre
Pour l’aspect relation avec le laboratoire :
- qualité des empreintes augmentée
- transmission facilitée des empreintes
- possibilité pour le labo de faire valider le design avant usinage de la dent
- définition réelle de la force des points de contact proximaux et occlusaux en fonction des préférences du praticien
Pour l’aspect relation avec le patient :
- matériaux à haute biocompatibilité
- peu de casse
- économie tissulaire
- fin des dévitalisions pour des raisons mécaniques
- pas de provisoire`à payer
- possibilité pour le patient de suivre l’empreinte grâce à un écran dédié ou des lunettes à réalité augmentée
- le patient peut suivre s’il est intéressé, le design, l’usinage et le maquillage
- pas de métal
- prothèses réalisées en France
Tous ces points représentent une liste non exhaustive et chaque praticien découvrira, avec le temps, de nouveaux avantages à utiliser cette méthode.
Pour aller plus loin, chacun de ces aspects débouche sur un type de rentabilité, comme montré sur la figure 2.
On dénombre au total quatre types de rentabilité :
- financière
- personnelle pour le praticien
- pour le cabinet et l’équipe
- en termes d’image.
La figure 3 nous montre qu’en fait, ces quatre types de rentabilité sont tous interconnectés.
La rentabilité financière génère des retombées directes sur les autres rentabilités.
Si le chiffre d’affaires du praticien augmente, il peut investir et affecte directement la rentabilité praticien. Les salaires de l’équipe peuvent aussi être positivement affectés. Les locaux peuvent être mieux entretenus par exemple et cela affecte la rentabilité image.
De même si la rentabilité image augmente, le bouche à oreille fait son effet, plus de patients pour le praticien, donc plus de revenus pour le cabinet. Lorsque les patients sont contents, la relation avec l’équipe s’en trouve améliorée etc.
Il en va de même pour chaque type de rentabilité et les apports sont très faciles à identifier.
Conclusion
En conclusion, il apparait évident que l’arrivée de la CFAO dans un cabinet génère de très larges retombées globales positives.
Tous ces avantages devraient motiver les praticiens et largement contrebalancer l’engagement et les changements d’habitudes de travail nécessaires pour réussir cet excitant challenge qu’est celui de commencer à maitriser la CFAO
