Devant des malpositions dentaires, le traitement de choix est l’orthodontie même chez l’adulte.
Cependant, au quotidien, nous sommes fréquemment sollicités par des patients refusant l’idée d’un traitement orthodontique souvent long ou parce que les dents elles-mêmes présentent des défauts esthétiques en dehors de leur positionnement.
Dans ces cas, tels ceux de la correction d’une malposition ou d’une légère rotation, nous sommes naturellement amenés à proposer des solutions simples, rapides, esthétiques, non-invasives, avec un résultat esthétique immédiat.
Les facettes céramiques en général mais surtout les micro-facettes « chips » feldspathiques no-prep constituent donc une réponse particulièrement appropriée à ce type de demandes.
Du fait de leur extrême finesse et de leur petitesse, l’utilisation du fraisage par Cad-Cam n’est pas la technique la mieux adaptée à ce type de restaurations.
On distingue donc 2 méthodes traditionnelles pour leur réalisation :
- L’une sur feuille de platine, qui nécessite un savoir-faire, une expérience et une grande dextérité.
Le temps de mise en œuvre est assez réduit (car le travail s’effectue directement sur le modèle), la qualité optique est excellente, non altérée par l’interaction entre le revêtement et la céramique de la seconde technique. - La seconde méthode, sur revêtement réfractaire, est plus simple, mais plus longue.
En effet il faut réaliser un duplicata en revêtement du modèle primaire. Cependant il faut aussi noter que le » sablage » à la bille de verre du revêtement est une étape très risquée et délicate de ce procédé.
Le modèle primaire peut-être réalisé soit sous forme alvéolaire, dit ’à carottes’, soit conventionnel sur plaque en plastique (type Zeizer/Giroform/etc…)
Le modèle sur plaque en plastique présente une qualité de précision supérieure.
En effet, le repositionnement manuel des carottes dans l’empreinte primaire, propre au modèle alvéolaire, peut le rendre imprécis. Un enfoncement insuffisant ou une infime rotation de la carotte suffit à nuire à la qualité et à la précision des points de contacts des éléments céramique, ce qui augmente ainsi la difficulté du placement en bouche.
Outre ses caractéristiques optiques indéniables, la céramique feldspathique offre une large palette de possibilités de stratifications et de masquage partiel ou total d’un substrat jugé trop coloré.
En effet, comparé à un matériau comme le Disilicate de Lithium, à épaisseur équivalente, on pourra plus facilement masquer des zones bien délimitées sur de très faibles épaisseurs (tétracycline par exemple) sans pour autant avoir une opacité générale sur la restauration.
Par exemple, pour une micro-facette ayant pour but de fermer un diastème, on pourra stratifier une partie cervicale plus opaque et un dégradé plus transparent proche du bord incisif.
Dans les cas de micro facettes no-prep très fines (0.1 à 0.3 mm) le matériau Disilicate de Lithium n’est pas le mieux adapté. Celui-ci utilise la méthode de la cire perdue. On positionne l’élément sur une tige en cire d’environ 2 millimètres de diamètre pour pouvoir le placer sur un cône, puis dans un cylindre. Une fois pressé, il faudrait donc couper cette tige, la gratter puis polir l’élément.
Autrement dit, sur une pièce mesurant deux ou trois millimètres et de quelques dixièmes d’épaisseur, cela s’avère extrêmement compliqué, voire impossible.
Pour les facettes très fines en Disilicate de Lithium, le grattage et le polissage ‘entre les doigts’ sans les fêler ou les casser au laboratoire, ainsi que l’obtention d’une finition en lame de couteau relèvent de l’exploit.
En raison de la trop grande différence de dureté entre le Disilicate de Lithium et la dent naturelle, l’affinage et le polissage parfait du joint après collage est quant à lui quasiment du domaine de l’impossible.
Pour les micro facettes no-prep en particulier, il est judicieux pour faciliter le bon positionnement de l’élément lors du collage, de ménager des petites zones de stabilisation, sorte de petites extensions de céramique, linguales ou incisives, qui seront ensuite minutieusement supprimées et repolies en bouche.
Également, pour faciliter le positionnement en bouche, la réalisation de surfaces de contact aux dents adjacentes, plutôt que des points, faciliteront le travail du clinicien.
La technique des micro-chips est particulièrement intéressante pour les cas de canines, soit en rotation, soit exagérément pointues (communément appelées ‘canines de vampires’). Tout en conservant la SIGNATURE propre à chaque sourire, on améliore significativement et sans la moindre dégradation tissulaire, un aspect souvent très inesthétique.
Dans les cas de correction de canines pointues, les micro-facettes seront généralement réalisées sur la face mésio-palatine de la dent et cela contribuera à les rendre moins agressives. Dans le but de cacher le joint de finition et dans la mesure du possible, on fera coïncider le positionnement des bords des micro facettes sur les lignes de transition des dents naturelles. De cette manière, le joint sera plus discret, moins perceptible, dans cette zone à forte réflection lumineuse. Le polissage en bouche s’en trouvera aussi grandement facilité.
Cas N°1
Cas N°2
Cas N°3
Conclusion
A l’heure du numérique, qui écrira sans aucun doute le futur de la dentisterie, il existera toujours des niches pour le travail traditionnel.
Il nous a semblé utile de présenter cette technique de micro facettes en céramique qui, en plus d’être absolument non invasive, conserve le charme et la signature du sourire du patient lorsque l’indication est bien posée et la réalisation adéquate.