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L’homéopathie au service du chirurgien-dentiste

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La médecine homéopathique fondée il y a plus de 200 ans est aujourd’hui classée dans les MAC (Médecine Alternative Complémentaire). C’est en effet une excellente alternative, un complément essentiel à la médecine allopathique, surtout lorsque celle-ci montre ses limites.

Pour le chirurgien-dentiste, elle sera utile tous les jours au sein du cabinet que ce soit pour traiter des affections aigues ou bien dans des pathologies chroniques. C’est une médecine qui pourra sembler difficile au premier abord mais qui, si certaines règles établies depuis le début par son fondateur sont respectées, s’avèrera grandement efficace et appréciée par les patients qui sont de plus en plus demandeurs de nos jours (en ces temps de grandes suspicions vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique) de ce type de médecine.

Historique

Une des caractéristiques de la médecine homéopathique est que son origine est précisément connue, puisque son histoire est celle de son fondateur Samuel Hahnemann (photo). Né près de Dresde en 1755, dans une famille de fabricants de porcelaine, Samuel Hahnemann se montre un élève brillant voire surdoué. Son talent lui permettra d’obtenir, lui le roturier, une bourse royale lui permettant de poursuivre ses études secondaires dans une école réservée aux enfants de la noblesse et de continuer à l’université de Leipzig pour apprendre la médecine.

Samuel-HahnemannLà, Hahnemann est frappé par l’insuffisance des installations médicales et par un enseignement fondé sur des théories obsolètes et qui ne fait pas référence à la clinique.
Il est déçu, mais ne renonce pas à être médecin. Sa maîtrise des langues (il parle couramment 7 langues dont le grec et le latin) va lui permettre d’approfondir ses connaissances, en appliquant une règle que lui enseigne son père « N’accepte ni ne reconnaît rien comme vérité jusqu’à ce que tu l’aies examinée avec soin par toi-même. »

A ses débuts en tant que médecin, il pratique comme c’est l’usage alors, les saignées les lavements, et administre les quelques drogues connues à l’époque. Il fait vite un constat d’échec, sa thérapie n’arrive pas à guérir ses malades.

Il décide alors d’étudier les différents remèdes et leur composition. Il étudie la minéralogie et la chimie qui est en grand progrès à cette époque.

Il élève son niveau de connaissances, ses publications sur l’hygiène et la nouvelle chimie lui donnent accès à la notoriété. Ses résultats thérapeutiques font affluer les patients et cependant il est déçu par ses résultats et reste persuadé qu’il existe dans la nature des remèdes plus efficaces contre les maladies.
Désespéré, il décide d’abandonner la médecine et se consacre à la traduction d’ouvrages médicaux pour subvenir aux besoins de sa famille.

C’est en 1790 en traduisant un livre de médecine, qu’il est frappé par l’incohérence des propriétés que l’on accorde à l’écorce de quinquina. Il fait alors des expérimentations, ce qui permettra le mode de découverte des remèdes homéopathiques. Il absorbe de fortes doses d’écorce de quinquina et ressent vite les symptômes d’un état fébrile intermittent, identique aux fièvres qui sont guéries par la quinine.
Après avoir renouvelé l’expérience sur lui, sa famille, ses élèves, et avec d’autres substances, il sait qu’il a vérifié l’antique loi de similitude :
« Une substance qui produit des symptômes chez un sujet sain, va guérir ces mêmes symptômes chez un sujet malade ». Le fameux « Similia, similibus, curantur » d’Hippocrate.

Après des années de recherches et la publication d’ouvrages essentiels en homéopathie, dont l’Organon et la matière médicale, Hahnemann retourne à la pratique médicale. Il a testé l’effet des faibles doses voire des doses infinitésimales pour supprimer les effets de certaines substances à doses pondérales. Il a rajouté à la loi de similitude, le principe de dilution et peut alors constater des guérisons de cas aigus, mais aussi de cas chroniques sans récidive. Il a enfin atteint le but de toute une vie de recherche.
A sa mort en 1843, ses disciples poursuivront son œuvre.

Aujourd’hui, l’homéopathie est une médecine reconnue et pratiquée partout dans le monde. Sa renommée est encore plus importante dans les régions du globe les plus défavorisées où son efficacité et son faible coût font des prouesses.
A ce jour, il ne manque à l’homéopathie que la reconnaissance scientifique de son mode d’action. Comment des substances autant diluées, peuvent-elles avoir autant d’efficacité ?
Gageons que les progrès fulgurants de la physique quantique ne tarderont pas à apporter certaines réponses.

Comment un chirurgien-dentiste homéopathe uniciste travaille-t-il ?

Hahnemann a défini que chaque maladie est unique par le terrain sur lequel elle se développe, et chaque patient réagit à sa façon à cette maladie.

Après l’examen clinique du patient et la réalisation des soins, le praticien va le questionner afin de collecter l’ensemble de ses symptômes, et non l’étiquette de la maladie comme le fait l’allopathe. Ainsi des patients qui consultent pour la même pathologie, recevront un remède différent, adapté et individualisé en fonction du malade. Pour l’homéopathe, les symptômes ne sont pas la maladie, mais l’expression tant physique que psychique du fonctionnement de l’individu.

Le symptôme est le seul moyen dont nous disposons pour déceler l’activité des défenses de l’organisme face à la maladie. C’est pourquoi, l’observation du malade et son interrogatoire sont tellement importants dans la consultation homéopathique.

Cet interrogatoire, devra être précis, objectif et méthodique. La valeur d’une réponse dépend de la qualité de la question. Il est indispensable de rechercher des symptômes précis et caractéristiques.

Ainsi, si un patient demande «Docteur, avez-vous un remède homéopathique contre les aphtes ? », nous pouvons lui répondre « Oui, j’en ai 177 !!!!», car dans la rubrique aphte de notre répertoire, il y a 177 remèdes présents. Savoir donc que ce patient fait des aphtes de manière chronique, n’est vraiment pas suffisant ; il faut trouver des symptômes plus précis.

Pour cela, ils doivent :

  • répondre à la définition du paragraphe 153 de «l’Organon» de Hahnemann : «… Mais il faut surtout et presque exclusivement dans la recherche du remède homéopathique spécifique, s’attacher aux symptômes objectifs et subjectifs caractéristiques : les plus frappants, les plus originaux, les plus inusités et les plus personnels. Ce sont ceux-là principalement qui doivent correspondre aux symptômes très semblables du groupe appartenant au remède à trouver, pour que ce dernier soit celui qui convienne le mieux à la guérison».
  • être très marqués sans être trop banaux,
  • être certains et évidents,
  • être modalisés

Revenons à notre patiente qui fait des aphtes de manière chronique. Si elle nous précise que ces aphtes apparaissent systématiquement avant ses règles, nous n’avons plus que 6 remèdes pouvant correspondre et si en plus elle ajoute qu’elle fait souvent des poussées d’herpès autour des lèvres et qu’en plus elle ne supporte pas le lait… il ne reste plus qu’un seul remède. Voilà comment, en cherchant plus loin qu’un simple symptôme physique vague (des aphtes) nous passons de 177 remèdes au remède qui correspond à cette patiente, et à elle seule !!! Car il est fort probable que si le patient suivant entre au cabinet en demandant « Docteur avez-vous un remède contre les aphtes ? », la réponse soit dans les 176 autres remèdes de la rubrique du répertoire. Cet exemple illustre aussi une notion importante en homéopathie : les recettes de base qui veulent que pour une pathologie, nous ayons deux ou trois remèdes qui seraient efficaces sont fausses. Ces recettes aboutiront le plus souvent à des échecs qui décourageront le patient et démoraliseront le chirurgien-dentiste.

Alors quels symptômes allons-nous chercher ?

Le symptôme révèle la susceptibilité individuelle à tout changement, à toute influence nocive (bactérie, traitement médicamenteux, facteurs météorologiques, etc..). C’est le seul moyen dont nous disposons pour déceler l’activité des défenses de l’organisme face à une agression. C’est un phénomène perceptible, variable, à différencier du signe qui est quelque chose de fixe, constant.

Chaque symptôme est défini par 5 informations : la causalité, la localisation, les modalités, les sensations et les concomitants. C’est la croix de Hering.

croix-de-hering

La sensation : souvent une douleur, à faire décrire : brûlante, piquante, battante, en éclair, etc.

Les modalités : tout ce qui aggrave ou améliore : les horaires, le temps, les températures, les aliments, les positions, le mouvement, certains facteurs mentaux (la musique, le bruit, etc…)

Les concomitants : les symptômes qui se manifestent en même temps que la pathologie sans avoir de lien avec celle-ci : diarrhée, écoulements, douleurs éloignées, frilosité soudaine, pleurs, colère, désir alimentaire.

Une autre étape est essentielle pour le chirurgien-dentiste homéopathe, c’est l’observation clinique du patient, dès son entrée dans le cabinet dentaire. Son comportement, sa façon de parler, de se tenir peuvent nous donner des indications précieuses :

  • Arsenicum album est tiré à 4 épingles, sans aucune fantaisie et est très anxieux
  • Sulfur est plutôt fantaisiste dans son comportement ou son aspect
  • Sepia ou Natrum muriaticum resteront muets; il faudra leur tirer laborieusement toutes les réponses

Après l’interrogatoire, le praticien va valoriser les symptômes c’est à dire garder les plus frappants, caractéristiques et les hiérarchiser, à savoir les classer du plus important au moins important pour pouvoir rechercher le remède.

Pour nous aider dans le choix du remède, nous disposons de 2 outils, la matière médicale et le répertoire.

La matière médicale est un recueil des symptômes observés lors de l’administration, à dose homéopathique c’est-à-dire diluée et dynamisée, d’une substance médicamenteuse expérimentée sur des sujets sains. Ainsi pour chaque remède, nous en connaissons les différentes indications cliniques. Cela ressemble à un dictionnaire avec les remèdes homéopathiques classés par ordre alphabétique.

Le répertoire est un livre où sont rangées des données selon des critères qui rendent leur recherche aisée, comme un annuaire téléphonique. Il permet de prescrire un remède avec de bonnes chances de succès sans connaitre toute la matière médicale ni comprendre le malade dans son intégralité. Il s’agit d’une méthode purement mathématique de comparaisons entre les symptômes du malade retenus par le praticien et les remèdes de notre matière médicale.

Comparaison qui doit en principe, nous aider à déterminer notre choix de prescription car il faut toujours vérifier dans la matière médicale si le remède trouvé correspond bien à l’ensemble des symptômes présentés par le malade. Maintenant grâce à l’informatique, nous disposons de répertoires nous permettant de trouver très rapidement le remède, dès lors que nous avons acquis la méthode répertoriale comme décrite précédemment.
L’analyse d’un cas sera différente selon qu’il soit aigu ou chronique.

Dans les cas aigus on recherchera les symptômes intéressants du moment aigu :

  • circonstances d’apparition
  • localisation : elle a autant d’importance que la causalité qui n’est pas forcément nette
  • types de douleur et sensation
  • modalités (horaire, périodicité, alternance, …)
  • symptômes concomitants
  • modifications mentales, émotionnelles

Dans ces cas-là, il vaut mieux avoir peu de symptômes (3 minimum) mais de valeur maxima, c’est-à-dire bien valorisé.

Cas clinique

Suite à une extraction sans problème d’une 15, Monsieur S, se rince la bouche et je le fais descendre du fauteuil. Au moment de se lever, je le vois devenir blanc comme un linge, il me dit ne pas se sentir très bien, avoir envie de vomir, avoir des vertiges et qu’il est à 2 doigts de perdre connaissance. Il ne transpire pas, n’a pas envie de boire quelque chose et il a froid. Je le fais se rassoir immédiatement. Il me déclare, qu’il ne supporte pas la vue du sang, que cela le fait s’évanouir, et cela lui est déjà arrivé !

Je fais une rapide répertorisation en prenant 5 symptômes observés et j’obtiens cette grille qui me propose plusieurs remèdes, dont alumina qui sort en premier : je lui donne 5 granules d’alumina 9CH (c’est ce que j’avais au cabinet) et quelques minutes après, une sensation de chaleur apparait, les nausées disparaissent et il peut repartir. En aigu, un remède homéopathique bien choisi, agit immédiatement à la première ou seconde prise, sinon il faut changer de remède.

tableau-cas-clinique

Dans les cas chroniques, l’approche sera différente. C’est Samuel Hahnemann lui-même, qui, devant les échecs répétés de ces prescriptions sur le long terme va introduire la notion de maladies chroniques. Pour lui, la maladie va s’étendre dans le temps et la vie du patient ; on ne parle plus d’événements occasionnels momentanées. Il y a un fil conducteur qui relie tous les épisodes pathologiques entre eux. A nous de retrouver ce fil conducteur pour remonter l’historique de la maladie, cela doit nous permettre de trouver le simillimum, c’est-à-dire le remède correspondant à notre patient, ou plutôt celui dont les symptômes obtenus lors d’expérimentations sur des sujets sains se rapprochent le plus des symptômes du patient.

Alors qu’en aigu, nous nous sommes attachés à rechercher entre autre des symptômes locaux, il va falloir en chronique élargir notre champ d’action et inclure des symptômes généraux et des symptômes mentaux. Dans les symptômes mentaux, on retrouve les traits de caractère qui devront être bien marqués (colère violente, colère rentrée, agressivité, pleurs fréquents, tristesse…) ; ils pourront être plus justes lorsqu’ils seront donnés par un proche du patient. Dans les symptômes généraux, on retrouve les désirs et aversions alimentaires, les hypersensibilités (au bruit, à la lumière, aux odeurs…) ou bien les troubles liés à la météorologie.

En conclusion, nous dirons que l’homéopathie est une médecine complémentaire individuelle et globale. Complémentaire car elle vient renforcer notre arsenal thérapeutique habituel. Elle ne vient pas s’opposer à la médecine traditionnelle allopathique, mais elle vient la compléter. Dans de nombreuses situations où la médecine allopathique va faire disparaître des symptômes sans chercher à guérir en profondeur, l’homéopathie va nous permettre d’agir sur le terrain complet du patient. Individuelle car chaque traitement sera spécifique à un patient ; ainsi, deux patients ayant la même pathologie mais pas forcément les mêmes symptômes seront traités par deux remèdes différents. Et globale car elle prend le patient dans sa globalité. Comme le dit Hahnemann : « L’Homme est un tout mais chaque homme est unique »

ANPHOS : Association Nationale Pour l’Homéopathie Odonto-Stomatologique. Elle a pour but de promouvoir l’homéopathie auprès des chirurgiens dentistes, par le biais d’une formation de 6 séminaires sur 2 ans et par l’organisation d’un congrès tous les 2 ans.

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A propos de l'auteur

Dr. Christine ROESS

Chirurgien dentiste
DU d’homéopathie
Enseignant à l’ANPHOS

Dr. Jean-Luc RANNOU

Chirurgien dentiste
Enseignant à l’ANPHOS

Dr. Grégory HELFENBEIN

Chirurgien dentiste
Président de la SHOSP
Enseignant à l’ANPHOS

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