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Traitement de la supraclusion incisive chez l’adulte et stabilité de cette correction

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La supraclusion incisive constitue un motif de consultation esthétique très fréquent. Elle est également à l’origine de nombreux délabrements coronaires et de fractures prothétiques puisqu’elle crée une occlusion particulièrement traumatisante au niveau dentaire mais également des ATM(1). Sa correction représente encore aujourd’hui un véritable challenge orthodontique. Elle a été largement décrite(2) par notre confrère le Docteur Julien Philippe à qui nous souhaitons ici rendre un fervent hommage. Elle était encore récemment considérée comme particulièrement voir totalement récidivante.

Les techniques pour la corriger sont désormais nombreuses et variées : dispositifs avec attaches vestibulaires, linguales, aligners ou encore hybrides.

Toutes ces techniques sont intéressantes, et il est nécessaire pour chaque cas de bien analyser l’étiologie de ce recouvrement afin d’éviter la récidive si largement décrite.

A propos d’un cas traité en technique classique vestibulaire segmentée

Une patiente de 44 ans consulte pour un encombrement au niveau du secteur 3 et un recouvrement incisif inesthétique. Elle n’aime pas son sourire et s’inquiète de ses chevauchements, lesquels s’aggravent depuis quelques années.( Fig. 1 et 2)

classique-vestibulaire-segmentee

L’examen clinique et l’analyse orthodontique complète nous montrent :

  • une endoalvéolie bi-maxillaire avec absence de déficit transversal basal diagnostiquée par l’axioscopie(3).
  • une supraclusion incisive avec recouvrement complet, sans infraclusion molaire.
  • une légère classe 2 molaire et canine sans rétromandibulie associée.
  • un encombrement des deux arcades avec une importante bascule linguale de la 35.

incisives-mandibulaires

La difficulté de ce cas sera la correction du recouvrement. L’analyse céphalométrique de Ricketts nous permet de définir parfaitement l’actuel plan d’occlusion fonctionnel, et d’identifier ainsi avec certitude les dents responsables de la supraclusion.

Nous constatons ainsi que les incisives maxillaires sont palatoversées et les incisives mandibulaires lingualées et fortement égressées. (Fig.3, 4, 5 et 6)

Le parodonte de la patiente n’étant pas particulièrement favorable et les mouvements (en particulier verticaux) étant importants, il a été décidé d’utiliser une technique vestibulaire segmentée douce répondant parfaitement aux préconisations de Ricketts « revisitées » par le binôme constitué par les Docteurs Georges Bernadat et Pierre Vion.

technique-vestibulaire

Plan de traitement

Correction de la bascule corono-palatine des incisives maxillaires par vestibuloversion qui va créer une « sembleingression ».

  • Ingression du bloc incisivo-canin mandibulaire avec en parallèle redressement de la 35.
  • Correction de la classe 2 dentaire par glissement alvéolo-dentaire.
  • Stabilisation par correction des troubles fonctionnels.

Plan-de-traitement

ingression-incisif

Dans la première phase de traitement nous avons utilisé au maxillaire un arc de base d’avancement (AUA) en blue elgiloy 16.16, associé à des sectionnels antérieurs sous-jacents en nickel titane .012 puis .014 et enfin .016. (Fig. 7 et 8)

Une fois les incisives maxillaires parallélisées par rapport à l’axe facial de la patiente, nous avons pu commencer à équiper l’arcade mandibulaire et cela sans jamais utiliser de cales de désocclusion. Nous avons pu ainsi éviter toute bascule du plan d’occlusion.

Pour commencer, une succession de sectionnels latéraux rond (NiTi) de faible section a été utilisée avec un ressort ouvert (NiTi) comprimé pour recréer l’espace et réaliser l’alignement et le redressement de la 35.

contention-linguale

Puis, des arcs sectionnels d’ingression canin (Ing3) suivis d’un arc de base d’ingression incisif (IUAi) ont donc été utilisés (eux aussi en blue elgiloy 16.16)(4).(Fig 9 et 10)

La correction de la classe 2 dentaire, a été effectuée en utilisant des élastiques de traction intermaxillaire développant une force de 125g par côté sur des arcs continus en NiTi. (Fig.11 et 12)

Tout le long du traitement, il a été mené une rééducation des fonctions linguales et de la musculature labiale et jugale.

La contention s’est faite avec une gouttière thermoformée classique maxillaire portée une nuit par semaine associée à une contention linguale 33-43 fixe.

Le traitement s’est déroulé sur 24 mois.

attaches-orthodontiques

Résultats

technique-Bioprogressive

Comme nous pouvons le voir sur les tracés radiologiques et céphalométriques de début et fin de traitement (Fig.13, 14), les incisives mandibulaires se sont bien ingressées et vestibuloversées sans qu’aucune bascule du plan d’occlusion n’apparaisse. La musculature est ainsi totalement respectée et le risque de récidive de fait fortement réduit. Trois ans après la dépose des attaches orthodontiques nous ne constatons aucune tendance au recouvrement excessif.

Le traitement, certes un peu long, a permis aussi par sa douceur de ménager le parodonte et ainsi de participer à la pérennité du résultat.

Conclusion

Cette technique issue des bases de la technique Bioprogressive permet d’obtenir un résultat fonctionnel et esthétique très satisfaisant (Fig 15, 16, 17 et 18) et particulièrement stable dans le temps.

Il est à noter qu’une prise en charge des troubles fonctionnels de qualité doit toujours être réalisée, sous peine là aussi d’un retour rapide au point de départ.

Bibliographie

1. G.Bernadat. La santocclusion. Bulletin de l’union Nationale pour l’Intérêt de l’Orthodontie Dento-Faciale 2008 ;35 :31-33
2. J.Philippe. Contention et classe II, division2. L’orthodontie bioprogressive mai 1995, 35-40
3. G.Bernadat, R.Henrionnet, M.Marchand. Les découvertes de l’axioscopie©. Revue d’orthodontie clinique 2015 ; 11 :2-25
4. P.E.Vion. L’arc de base de Ricketts positionneur d’incisives Partie 1. Revue d’orthodontie clinique 2011 ; 2 :25-39

Conflits d’intérêt : L’auteur déclare n’avoir aucun lien d’intérêt concernant les données publiées dans cet article.

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A propos de l'auteur

HENRIONNET Raphaël

Chirurgien Dentiste


Adresse : 7 rue des fresnayes

2 commentaires

  1. Bonjour,
    J’ai 38 ans, une malocclusion de classe 2 et une supraclusion non complète, un encombrement modéré des incisives supérieures, mais pas au des incisives inférieures, un decalage de 4 mm. Mes molaires haut / bas sont “face à face”.
    Je ne suis pas une bonne candidate au plan de compensation avec extraction de prémolaires au maxillaire car cela affecterait négativement mon profil et ma lèvre supérieure, qui est basse et peu tonique (lèvre blanche longue et dents non visibles au repos) Ma lèvre supérieure n’est pas excessivement en avant et ma lèvre inférieure n’est pas excessivement en arrière, elles se joignent normalement et j’ai un profil “normal”, avec un menton bien présent, qui n’est ni fuyant, ni en retrait. Je ne suis donc pas non plus une bonne candidate à la chirurgie “d’avancée mandibulaire” car j’ai un profil harmonieux et équilibré. Et cela me parait trop lourd comme opération.
    On me propose l’un ou l’autre, ce qui ne me convient pas car, si dans les deux cas j’obtiens une bonne occlusion, je pense que ce serait catastrophique au niveau esthétique (et psychologique).
    Je souhaiterais savoir si une arcade inférieure reculée serait-elle forcement liée à un déséquilibre squelettique ?
    Est ce qu’un décalage des arcades, dans mon cas, dents du bas en retrait ou peut-être dents du hauts en avant, ou les deux …, est-il forcement du a un problème squelettique ?
    Existe-il un plan de traitement sans extraction et sans chirurgie, qui permettrait d’avancer les dents du bas, redresser mes dents du haut, sans craindre de récidive ? et avec bien-sur, une meilleure occlusion.
    Je vous remercie par avance pour votre réponse.

    Bien cordialement

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