L’intégration d’un jeune associé constitue une étape importante dans la vie du cabinet.
Elle peut être l’occasion de renforcer une équipe déjà présente dans le cadre d’un développement ou de préparer la transmission progressive du cabinet.
Bien souvent, les volets financier, fiscal et humain peuvent constituer des obstacles à la réussite de tels projets.
C’est la raison pour laquelle, il faut bien cerner au départ les motivations et raisons qui vous amènent à envisager l’association.
Pourquoi voulez-vous vous associer ? Quelles sont vos intentions ? Souhaitez vous transmettre à 1 an, 2 ans, 3 ans votre cabinet ? Est-ce trop tôt ou trop tard ? Etes-vous prêt à partager votre espace vital avec un tiers ? ou bien voulez-vous tout simplement accroître la capacité de production de votre cabinet en recourant à une force de travail complémentaire ?
Dans tous les cas de figure, la finalité doit être clairement définie dans votre esprit afin d’éviter des difficultés futures.
Comme le dit le vieil adage, « il n’y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va ».
‘‘Dans tous les cas de figure, la finalité d’intégrer un associé doit être clairement définie dans votre esprit afin d’éviter des difficultés futures.‘‘
Au cas précis, « il n’y a de vent favorable que pour ceux qui savent où ils vont » !
Car dans toute association, on est au minimum deux, avec des parcours plus ou moins similaires, des différences d’âges plus ou moins marquées, des compétences variées et par-dessus tout des personnalités parfois très différentes. La dentisterie se nomme diversité et chaque situation rencontrée est unique.
Dans la mesure où vous souhaitez tout simplement mutualiser des moyens, pour partager des coûts tout en gardant la maîtrise de votre activité et la liberté de pouvoir librement investir, la société civile de moyen (SCM) peut être la solution à votre préoccupation. Chacun chez soi, on met en commun ce que l’on décide de mettre en commun. Parfois qualifiée de «sac d’embrouilles » lorsque la répartition des charges n’a pas été suffisamment pensée en amont, la SCM demeure un outil simple et efficace, avec lequel on peut faire du surmesure.
C’est la première…souvent la dernière étape du processus d’association ! Pourquoi changer lorsque tout fonctionne naturellement bien ?
A contrario, si vous envisagez de transmettre progressivement votre cabinet où intégrer plusieurs associés tout en conservant la maîtrise du navire, la société d’exercice libéral paraît plus adaptée. Le degré d’intégration est porté à son paroxysme.
Un des freins classiques à ce processus reste financier. Pour le praticien titulaire, pilier historique du développement du cabinet, il est légitime d’obtenir une contrepartie au titre de l’entrée d’un nouvel arrivant, qui va pouvoir bénéficier de la patientèle existante, du plateau technique du cabinet, de l’image de ce dernier, de sa réputation, autant de facteurs matériels et immatériels à prendre en considération.
A contrario, le jeune futur mais pas encore associé, convaincu de son efficacité et de ses compétences, est bien évidemment déterminé à faire souffler un vent de nouveauté sur son futur lieu de travail et à dépoussiérer les méthodes anciennes en vigueur… et cela vaut bien évidemment tout l’or du monde.
Quand deux mondes se rejoignent…
Plutôt que de faire payer un droit d’entrée à un nouvel arrivant et risquer de l’effrayer, il est parfois plus pertinent de proposer une cession de patientèle et de matériels à une entité nouvelle constituée conjointement où les « anciens » et les « modernes » se retrouvent et pourront ainsi mettre un terme à leur querelle.
D’une part, cette stratégie évite l’endettement personnel du jeune arrivant, d’autre part elle le rassure. Du côté du titulaire, cela lui permet de percevoir le juste fruit de son travail et de ses efforts passés, dans un cadre fiscal privilégié.
En effet, la cession de patientèle est aujourd’hui taxée selon la flat tax de 30 %, qui se décompose en deux parties :
- impôt sur le revenu au taux de 12.80 %,
- prélèvements sociaux au taux de 17.20 %.
Pour les professionnels déjà associés de société à l’impôt sur les sociétés, la fiscalité est identique au titre de la cession de leurs parts.
Il faut bien évidemment raison garder au niveau du prix de cession mais la solidarité dans le remboursement de l’emprunt de rachat entre le ou les plus anciens et le ou les plus jeunes permet de dépasser certains clivages.
Mais au-delà de ces aspects financiers et fiscaux, c’est bel et bien la dimension humaine du projet qui sera source de réussite ou d’échec. Dans de nombreux cas, comme en amour, le projet n’est pas suffisamment muri en amont. Le coup de foudre peut coûter cher, car il est souvent plus compliqué de défaire que de faire. L’association minoritaire ou la collaboration libérale constituent à ce titre une étape préalable à ne pas négliger. Même si dans le monde actuel, lesµ fiançailles ne sont plus trop à la mode, la séparation dans ce cadre est moins douloureuse et onéreuse. vous seriez étonné par le nombre de praticiens associés faisant état de leur mal être et regrettant d’avoir voulu aller si vite vers l’union totale. Il faut se hâter lentement, apprendre à connaître l’autre, ses qualités, ses défauts et savoir se remettre en question. Dans le cas d’une séparation ne dit on pas bien souvent que les torts sont souvent partagés : rien n’est tout blanc ou tout noir mais notre ego peut nous conduire à notre perte.
En clair, intégrer un associé se prépare, s’étudie et s’anticipe. Avant de vouloir « faire payer » l’autre, d’espérer en retirer un gain financier immédiat, de voir en lui la poule aux oeufs d’or, il faut d’abord s’assurer que les profils correspondent. La dimension humaine est prépondérante.
Pour intégrer un tiers, faut-il encore le vouloir et lui montrer au quotidien par des actions concrètes : réunion de travail, petites attentions, échanges réguliers sur des sujets professionnels et de la vie de tous les jours…
L’exercice n’est pas facile mais lorsqu’il est réussi, il permet de surmonter bien des obstacles. Ne dit-on pas qu’à deux, on est plus fort ?
Dentairement vôtre.
julien Fraysse – expert-comptable
Tél. : 09 81 65 82 51
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