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Bien gérer son stress : notre qualité de vie en dépend !

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Le stress est la meilleure et la pire des choses. Il est essentiel à la vie car sans le stress, pas de survie, pas d’action. Mais vivre en permanence sous l’emprise de ce dernier, sans bénéficier de périodes de récupération, sans ménager ses forces, conduit à l’épuisement, appelé encore « burn out »… comme souvent dans la vie, tout est une question d’équilibre.

Les mécanismes biologiques et psychologiques du stress ont pour premier objectif de nous mettre dans le meilleur état physique et mental et ainsi nous aider à nous y adapter au mieux. Notre performance de travail notamment est liée à la quantité de stress. Vous connaissez, pour certains, ce phénomène qui consiste à attendre le dernier moment pour exécuter une tâche pourtant programmée à l’avance. L’arrivée de l’échéance motive, stimule et met le « coup de fouet » nécessaire pour être capable d’écrire un article en 2 jours, préparer une conférence en une nuit, vider le grenier en un week-end ! C’est l’eustress.

Inversement, l’absence d’enjeu et donc de stress génère une baisse de l’émulation, voire de l’ennui avec une diminution de notre performance. Au cabinet dentaire, le travail répétitif, les actes cliniques routiniers, une journée avec plusieurs rendez-vous manqués et des temps morts stériles, rajoutez à cela quelques patients geignards et le bilan de la journée est piteux.

Les conséquences du mauvais stress appelé « distress » peuvent être bien néfastes sur notre qualité de vie : agressivité, angoisse, dépression, dépendances à certains dopants, somatisation avec des atteintes graves à la santé et bien évidemment des conséquences sur notre performance au cabinet… Hans Seyle définit le stress au début du XXème siècle comme « une réponse non spécifique que donne le corps à une demande qui lui est faite ». On l’appelle encore « syndrome général d’adaptation ».

Cette capacité d’adaptation et de résistance de chacun est fonction de la nature du stresseur, de son intensité, de sa fréquence d’apparition et de sa durée.

Les conséquences sur l’individu sont très variables et dépendent des stratégies d’adaptation et de résistance physiques et psychologiques mises en œuvre par tout un chacun.

Les soignants ayant accès à l’automédication, répondent peut-être ainsi à des problèmes d’insomnie et de symptômes dépressifs.

La consommation des psychotropes est alarmante en France : les soignants viendraient-ils grossir le nombre des utilisateurs ? Parmi ces psychotropes, c’est avec la catégorie des tranquillisants que nous nous distinguons de la façon la plus radicale : deux fois plus que les Espagnols, cinq fois plus que les Allemands, huit fois plus que les Anglais ! Seuls les Belges font relativement « bonne » figure en se rapprochant de nos records. Au total, avec près de 80 millions de boîtes vendues chaque année en France.

Avec les hypnotiques, la situation est la suivante : deux fois plus que l’Allemagne ou l’Italie, et nettement plus que le Royaume-Uni. Du côté des neuroleptiques et des antidépresseurs, l’exception française est un peu moins marquée, mais nous restons toujours bons premiers, et de loin. Pourquoi ? Nos conditions de travail sont bien loin de celle de l’univers de Zola, l’avancée des technologies nous soulage des tâches les plus ingrates, les sollicitations pour nous détendre sont en constante augmentation…

Stress-et-performance

Mieux vaut prévenir….

Identifier l’ennemi : apprenez à identifier votre stress pour mieux lui résister et ne plus le subir !

Le praticien, comme beaucoup de soignants, est habitué à refouler ses sensations et ses émotions, à ne pas s’écouter et néglige les signes insidieux du stress : fatigue, irritabilité, indifférence, troubles du sommeil, grignotage, lassitude, manque d’intérêt pour son travail et perte d’enthousiasme. S’ajoutent souvent à cela un seuil de tolérance très faible aux imprévus et contretemps, des difficultés de concentration et des troubles de la mémoire et de la libido.

La prévention commence par la connaissance et la reconnaissance des signaux d’alarme.

Le déni est une réaction fréquente, surtout que ce n’est pas une « vraie » maladie ; le stress n’empêche pas de travailler. Le soignant serait-il un soi-niant ?

Le cabinet dentaire est par excellence un lieu de vie propice au stress. Le bruit quasi permanent, la petite taille de l’espace de travail, les postures asymétriques au fauteuil générant leur lot de tensions et de contractures, la concentration soutenue nécessaire à la réalisation d’actes minutieux, les contraintes administratives, socioprofessionnelles… voici déjà bon nombre d’ingrédients stressants. Viennent ensuite s’ajouter tous les stresseurs liées :

  1. au facteur TEMPS : toute la journée, notre travail doit être exécuté en temps limité, au rythme de l’agenda, souvent inadapté en terme de sérénité et de performance. Les anglo-saxons appelle cette pression et surcharge de travail le « jobstrain ».
  2. au facteur ARGENT : pour de nombreux praticiens, effectuer certains actes thérapeutiques « à perte » génèrent frustration, sentiment de non reconnaissance et craintes pour les capacités d’investissements et la survie économique du cabinet. Le praticien est peu formé à la gestion et l’avenir peut lui sembler souvent incertain. Et puis, pour beaucoup de soignants, qu’il est inconfortable de parler argent et donc honoraires avec ses patients !
  3. au facteur RELATIONNEL : l’homme est un stresseur pour l’homme ! Que dire d’un environnement où le patient arrive souvent anxieux, stressé face à un praticien qui a été formé à l’aspect technique et médical de son Art, mais pas à la dimension relationnelle de son métier. Communiquer reste pour beaucoup une perte de temps, informer le patient un acte répétitif et rébarbatif et développer sa capacité de conviction reste assimilé pour bon nombre à un exercice de manipulation mercantile.

Et quid du personnel et du travail en équipe? Recruter, former, manager une ou plusieurs assistantes, échanger avec un associé barbent la plupart des confrères… D’ailleurs la moitié de la profession ne préfère-t-elle pas travailler en solo ?

En écoutant nos patients, en conversant avec les confrères, nous constatons tous les jours à quel point le stress est un mal qui a pénétré notre société moderne dans son rythme de plus en plus effréné. Il a envahit notre sphère professionnelle, familiale, personnelle, parasite violement les rapports humains et précarise l’état de santé de la population. Depuis de nombreuses années les thérapeutes élaborent des méthodes dans le but de diminuer les effets du stress sur l’humain. Grâce à la compréhension des mécanismes du stress et de son impact psychosociologique il nous est possible d’agir sur nous-même, notre environnement et d’échapper à certaines maladies psychosomatiques. Mieux !

Il est souhaitable de nous entourer pour faire des choix judicieux dans l’objectif de concilier au quotidien sérénité, plaisir…et performance !

 

Etymologie

Le mot stress vient du latin, stringere et stressus qui signifient serré.
En vieux français stress signifie étroitesse et oppression. Ces recherches étymologiques nous indiquent bien notre ressenti lorsque le stress nous étreint. La gorge et l’estomac se resserrent, la trachée artère se rétrécie et un sentiment d’oppression se fait ressentir sur notre être. Les anciens avaient donc vue juste, mais aujourd’hui grâce aux avancés des sciences nous pouvons établir une définition plus précise du stress sur les différents plans de son action, c’est-à-dire le physique et psychologique, puis le lien psychosomatique qui les unit.

BIBLIOGRAPHIE

1. ALBERT E., Comment devenir un bon stressé, Flammarion, 1994
2. CUNGI C., Savoir gérer son stress, Retz, 1998
3. LEGERON P., Le stress au travail, Odile Jacob, 2003
4. SINTES J.-R., Le stress : une réalité qui demande d’agir, Réalités Cliniques, 2007
5. ZARIFIAN E., Le prix du bien être, Odile Jacob, 1996

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A propos de l'auteur

Dr. Deborah TIGRID

Présidente de Feed Back Medical

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