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Le scialytique video

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Gadgets pour certains, révolution dans leurs pratiques quotidiennes pour d’autres, le scialytique vidéo qui a fait son apparition il y a maintenant plusieurs années n’a, de mémoire, jamais eu droit à un article le considérant comme une vraie nouveauté.

Nous allons essayer au travers de cet article de faire le point sur l’intérêt et les fonctions d’un tel produit et également de déterminer l’offre actuelle du marché.

Le scialytique vidéo est tout simplement un scialytique qui comprend en son centre une caméra vidéo. Cela existe depuis plusieurs années dans les hôpitaux dont on connaît l’implication constante dans la formation de ses étudiants.

Les éclairages  présents  à l’hôpital sont des scialytiques chirurgicaux, qui n’ont pas trouvés échos dans nos cabinets privés en raison de leur coût dépassant largement les 20000€. (Fig.1)

Depuis maintenant presque 10 ans, certains fabricants ont mis au point des scialytiques dentaires d’une taille plus modeste et beaucoup plus adaptés à notre pratique quotidienne. Lors de leurs premières apparitions, ces produits ont été proposés avec des caméras en définition standard. Puis, depuis maintenant deux ans, tous les fabricants ont proposés leur version haute définition.

En pratique, cela change beaucoup de choses car la précision des images obtenues permet de couvrir des utilisations plus vastes comme par exemple l’utilisation en temps réel en tant qu’aide visuelle.

Intérêts et applications au cabinet dentaire

Rôle d’appareil photo

Un des premiers intérêts du scialytique vidéo et de réaliser très facilement et de manière transparente des photos. Cela permet donc de couvrir tous les intérêts de la possession d’un appareil photo numérique dans le cabinet dentaire. L’archivage, la communication avec son prothésiste et avec le patient, etc.…

Si vous voulez approfondir ces derniers points vous pourrez vous référer aux articles parus dans les archives du magazine LEFILDENTAIRE (tous ces articles peuvent être consultés, téléchargés et imprimés) :

“Intérêts du photoscope au cabinet dentaire” Numéro 3 – Novembre 2004  p32
“Le choix d’un appareil photo numérique au cabinet dentaire” Numéro 14 – Juin 2006 p42
“Adopter la photo et la vidéo numérique en pratique quotidienne” Numéro 41 – Mars 2009 p49

Un excellent communiquant

L’intérêt principal d’un scialytique vidéo reste la communication avec le patient. Cela permet dans la plupart des cas de remplacer la caméra endobuccale et donc évite un instrument supplémentaire.

La caméra endobuccale sera plus performante pour montrer certaines zones difficiles d’accès avec le miroir mais le scialytique vidéo sera plus rapidement disponible et plus pratique à l’usage pour sa polyvalence.

En effet cela permet de montrer le sourire globale voir le visage entier et également grâce au zoom optique de la caméra de se concentrer sur une dent précise. Il est à noter que cela implique obligatoirement de fixer un écran sur la colonne principale du fauteuil ou sur la colonne où est fixé le scialytique si celui-ci est fixé au plafond. Effectivement, il faut que le patient puisse voir ce qui est affiché à l’écran. (Fig.2)

scialytique

lfd decembre 2014 pratique f3Tous les fabricants proposent un système scialytique + écran mais il n’est pas interdit de profiter de l’écran que vous avez déjà sur le fauteuil ou en fixer un vous-même. L’écran fixé à l’horizontal au plafond ou encore intégré à un éclairage plafonnier peut être également une solution mais ne permettra l’utilisation que par le patient seul (le praticien ne pourra l’utiliser) et ne pourra donc s’envisager que comme un second écran. Cela permet aussi d’avoir un support de visualisation soit pour répondre aux questions des proches (parents pour les enfants, épouse ou mari, etc…) soit au patient lui-même en temps réel lors de l’intervention.

Cela donne également une touche high-tech très appréciable dans le cabinet pour répondre aux questions légitimes des patients. (Fig.3) Aujourd’hui, quasiment tous les écrans plats (moniteur ou TV) sont full HD c’est-à-dire possédant une définition de 1920 par 1080 et permettent donc la meilleure qualité possible avec les caméras de dernière génération.

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Archivage et communication via transferts de fichiers

Tous les systèmes aujourd’hui permettent un enregistrement et donc un archivage des vidéos ou des photos prises par l’éclairage-caméra.

Si le fabriquant n’en propose pas, des boitiers d’acquisition vidéo avec entrée HDMI se trouvent maintenant assez facilement sur internet et permettent même un enregistrement des séquences sans passer par le PC.

Cela permet donc une communication possible entre praticiens ou entre le praticien et le prothésiste.

Dans ma pratique d’implantologie-parodontologie exclusive, j’adresse dans la plupart des cas un résumé vidéo de l’intervention à mes correspondants.

Via un boitier d’acquisition spécifique que j’ai acheté à part dans une e-boutique, je transmets également l’intervention chirurgicale implantaire via internet (sur une chaîne internet sécurisée) vers le praticien correspondant qui le souhaite.

Finalement, les possibilités en termes de communication via la toile sont quasi infinies.

Dans mon expérience personnelle, c’est ce qui fait l’intérêt principal du scialytique vidéo qui est utilisé dans le bloc opératoire et qui permet à mes correspondants de pouvoir suivre les chirurgies soit en direct soit en différé sur Internet. (Fig.4, 5, 6)

Exemple d’une de mes vidéos via le scialytique IRIS

Pour l’exemple avec le prothésiste, l’intérêt de la photo n’est plus à démontrer pour transmettre une information sur une caractérisation pour une prothèse par exemple, le fait de pouvoir adresser une vidéo permet l’animation d’une occlusion dynamique par exemple pour les mouvements en latéralité.

L’intérêt en termes de formation est évident. La diffusion sur les sites spécialisés de vidéos d’intervention permettant aux confrères de se former est déjà choses courantes mais le deviendra encore plus grâce à un tel outil permettant d’éviter le recours d’une troisième personne pour filmer.

Auto évaluation et archivage médico-légal

Sans tomber dans la paranoïa aiguë cela permet d’archiver des interventions délicates. Cela pourrait avoir un intérêt médico-légal dans certains cas en amenant un élément de preuve supplémentaire en cas de litige.

Cela permet aussi de garder une trace de l’état initial avant une intervention chirurgicale. L’exemple classique d’une greffe osseuse ou d’une régénération osseuse guidée permet d’avoir un comparatif avant-après pour la réouverture après cicatrisation.

L’auto évaluation étant un vrai intérêt également car il permet de corriger certains gestes dont on n’aurait pas autrement la possibilité de prendre le recul nécessaire pour les interpréter.

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Aide visuelle en direct

Ce type de produit pourrait il remplacer un vrai microscope opératoire ?

Assurément non. Malgré ce que certains fabricants essaient de nous faire croire.

Permet il de travailler en indirect sur le patient ? Dans certains cas oui.

En fait, ce type de matériel ne peut pas remplacer une aide visuelle permanente mais va plutôt jouer le rôle d’assistant visuel.

Cela veut dire que les yeux du praticien ne seront pas rivés durant toute l’intervention sur l’écran mais que de temps en temps le praticien ira jeter un coup d’œil sur l’écran et dans un certain nombre de cas cela va beaucoup aider.

La qualité des caméras HD permet aujourd’hui cette prouesse car la finesse de la définition est telle que cela permet par exemple l’appréciation de la présence de tissu de granulation résiduel au fond d’une alvéole lors d’une extraction délicate (Fig.7)

Exemple d’une vidéo réalisée avec l’Iris :

Autre intérêt pratique : cela permet la visualisation du champ interventionnel avec un autre axe. Le scialytique peut être placé de manière opposée au praticien, cela lui permettra un axe de vision différent qui peut être salutaire lors d’une pose d’implant par exemple.

L’offre du marché

Jusqu’à encore l’année dernière, seuls 2 fabricants proposaient un tel produit. Ekler, qui a été le premier à sortir ce type de produit, en définition standard au début puis, depuis 2 ans en haute définition full HD. Son produit est l’Elio.

Zenium a directement sorti son scialytique vidéo en full HD dès 2010 c’est le Zyo. Depuis 1 an la société G.Comm a sorti un scialytique vidéo full HD également, l’IRIS. Nous sommes à n’en pas douter devant trois produits qui sont de véritables concentrés de technologie.

Toutefois l’investissement d’un tel matériel va bien au-delà de celui d’un simple scialytique même performant, il est légitime de se demander lequel choisir.

En toute transparence, seul le Zyo nous a un peu déçus. Etant le plus cher des 3 nous nous attendions à un produit d’une finition exemplaire. Malheureusement, la finition, très plastique dans l’ensemble, n’est pas au niveau de son tarif.

La luminosité et la limitation de l’ombre portée ne sont pas au niveau d’un scialytique traditionnel. La maniabilité, qui partait d’une bonne idée (juste le manche vertical inférieur permet le maniement de l’ensemble) est en pratique très déroutant et peu précis.

Reste une qualité d’image plutôt au rendez vous (mais avec une absence de système de stabilisation numérique de l’image contrairement aux 2 autres), un design exceptionnel et une judicieuse idée de contrôle de l’intensité lumineuse sans contact.

L’Elio est un scialytique qui tient sa force dans un prix très compétitif. La qualité d’image est au rendez vous et la maniabilité est excellente. L’Elio se décompose en pas moins de 4 références dont 3 HD (qui diffèrent par leur capacité en grossissement).

Le rajout d’une pédale encombre nos cabinets déjà surchargés mais permet de contrôler toutes les fonctions. La luminosité est par contre en retrait des scialytiques classiques. En effet, l’Elio découle très exactement de sa version sans caméra où la zone centrale qui était une 3ème LED au départ a été remplacée par l’objectif. On perd en homogénéité de la « tâche lumineuse » et en limitation de l’ombre portée. Cela sera sans doute gênant pour l’utilisation dans un bloc opératoire mais sans doute moins en omnipratique.

Avant d’être un scialytique-caméra, l’IRIS de la société G.Comm est avant tout un excellent scialytique. C’est ce qui en fait sa force. La qualité de la luminosité est non seulement comparable aux scialytiques classiques mais leur est pour la plupart d’entre eux supérieurs. Elle atteint même le niveau des scialytiques chirurgicaux.

Cette société Italienne, distribuée en France par ADPG-import, a réussi à mettre au point un produit quasi parfait. Il a été conçu dans sa forme (de part le positionnement de ses LEDs (en croix autour de la caméra centrale) ) comme un scialytique chirurgical.

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L’ombre porté est minimum, la maniabilité et l’ergonomie sont excellentes et la finition du produit est d’un haut niveau. Le choix de la teinte de la lumière est une fonction peu commune qui a un intérêt non négligeable : Choix d’un mode « composite » pour éviter leur polymérisation, choix de la teinte « lumière du jour » pour la prise de teinte ou encore « chirurgie » pour faire ressortir la vrai teinte des tissus mous.

Il est également possible de mettre sous tension indépendemmant la caméra et le scialytique ce qui permet de filmer en grand angle sans avoir le visage du patient invisible sous la luminosité du scialytique (Fig.8)

lfd decembre 2014 pratique f9L’application Ipad est un plus très pratique qui permettra le contrôle sans fil (par wifi) de la caméra (zoom, inversion de l’image, freeze, etc…)  mais également du scialytique (intensité lumineuse, température de couleur, etc…) (Fig.9) Cela reste selon moi plus pratique et moins contraignant qu’un système de pédale supplémentaire  dans le cabinet.

On peut contourner le problème de la manipulation de l’Ipad au bloc en stérile par l’utilisation d’un stylo pour Ipad que l’on recouvrira d’un film stérile. Mais l’utilisation de l’application Ipad est de toute façon facultative car toutes les fonctions se retrouvent aussi directement sur le scialytique sous forme d’un panneau de commande très bien conçu.

lfd decembre 2014 pratique tableau

Conclusion

Je ne peux que trop vous conseiller d’essayer ces produits à l’ADF et de vous faire une idée par vous-même. Je pense que ce type de produit va se démocratiser et que cela permettra sans doute d’augmenter encore la communication entre confrères pour exploiter au mieux une des facettes les plus passionnantes de notre métier : le partage des connaissances.

Les vidéos de l’article ont été tournées à l’aide de l’IRIS

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A propos de l'auteur

Dr. Steve BENERO

Diplôme Universitaire d'Implantologie Chirurgicale et Prothétique de Paris 7
Lauréat de l'Académie Nationale de Chirurgie Dentaire
Implantologie-Parodontologie exclusive Paris 12

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