La communication entre patient, praticien et prothésiste : paramètre fondamental de la réussite esthétique.
A l’heure où le tout numérique est de plus en plus quotidiennement utilisé, il ne faut pas négliger l’importance d’une simple et efficace communication entre le patient, le cabinet dentaire, et le laboratoire de prothèse. Chaque patient est différent. Il vient avec une attente particulière.
Il faut analyser cette attente afin de savoir ce qui peut être mis en oeuvre techniquement, aussi bien au cabinet dentaire qu’au laboratoire de prothèse, pour satisfaire cette demande.
Les professions de chirurgien-dentiste et de prothésiste sont très différentes avec des languages propres à chacun. Cependant, elles sont si dépendantes l’une de l’autre qu’il est primordial de prendre conscience de l’importance de la communication entre les intervenants.
Les moyens de communication sont aujourd’hui très nombreux:
le téléphone, les courriels, la «photographie digitale», la visioconférence, les spectrocolorimètres, et tant d’autres outils qui ne demandent qu’à être exploités.
On peut se demander lesquels choisir ?
Cependant on ne peut que constater que la réussite d’un cas ne tient pas à la selection du meilleur appareil photo, ni même à la precision d’une empreinte numérique, mais bien plus à la qualité du dialogue entre l’équipe du cabinet dentaire et celle du laboratoire de prothèse.
La tâche est difficile, parce que nous n’avons pas le meme language.
Si on prend l’exemple de la couleur, comment transmettre en terme de communication les informations depuis le cabinet dentaire jusqu’au technicien pour qu’il transforme le code couleur du dentiste en selection de masses et poudres de céramique adaptées?
Voici un cas traité en étroite collaboration entre le Docteur Pascal Zyman et le laboratoire AZM.
Une patiente, âgée d’une cinquantaine d’années désire changer l’esthétique de son sourire.
Sa demande est forte parce qu’elle ne supporte plus les discolorations multiples de ses dents antérieures.
Elle n’a cependant aucune idée de ce qu’on peut réellement lui proposer en terme d’amélioration esthétique de son sourire.
A l’examen clinique, on constate que les nombreux composites qui ont permis à cette personne de patienter jusque-là, sont totalement discolorés.
Dans ce cas clinique, la forme des dents antérieures ne doit pratiquement pas être corrigée. On peut se poser la question de savoir s’il faut conserver ou non le très léger diastème présent entres les incisives centrales. A la demande de la patiente, on a choisi de le fermer.
Le changement de forme est si faible qu’il ne justifierait pas le passage par un mock-up esthétique. Celui-ci est indispensable dans les cas où il y a changement de formes importants mais ici le résultat esthétique depend principalement de la possibilité de masquer les fortes colorations des tissus dentaires sous-jacents à l’aide des 8 facettes céramiques.
Le dessin des preparations suit les principes d’économie tissulaire. On cherche à conserver le maximum d’émail résiduel mais cela implique une difficulté supplémentaire pour le céramiste puisqu’il va devoir réaliser les facettes dans une épaisseur de céramique relativement faible.
Le praticien, prend soin, bien évidemment, de transmettre au laboratoire de prothèse, via de simples clichés en photographie numérique, la teinte des tissus dentaires en regard des préparations.
L’échantillon A4 choisi montre combien le montage de la céramique est délicat puisque la demande de résultat final, en accord avec la patiente doit atteindre une couleur A1.
Les provisoires préparées au préalable confirment ce choix d’une teinte A1
Les facettes sur une base pressée en disilicate de lithium (e.max press IVOCLAR) sont recouvertes d’une stratification de céramique (GC Initial LiSi) afin de passer d’une dominante A4, pour tendre vers du A1 avec des épaisseurs de matériaux cosmétiques relativement faibles.
Toute la difficulté réside dans un choix correct de l’opacité des lingotins et également de cette stratification qui doit bloquer la lumière à l’intérieur de la facette avant d’atteindre les tissus dentaires.
Afin de réduite l’effet de la couleur des tissus dentaires sous-jacents, les cupules sont pressées avec des ligotins de moyenne opacité.
Un contrôle simple de la couleur s’impose à chaque étape.
Après avoir terminé les phases de stratifications, les formes et les états de surfaces sont contrôlés dans les moindres détails ce qui peut entraîner une modification de la luminosité finale de la restauration. C’est la raison pour laquelle il faut procéder à une dernière vérification de teinte avant de faire parvenir le travail au cabinet dentaire.
Voici le résultat obtenu une semaine après la pose.
Il n’a pas été question dans ce court article de chercher à détailler les étapes de réalisation clinique et prothétique mais plutôt de mettre en évidence l’importance d’une bonne communication entre le praticien et le prothésiste.
Les informations de couleur transmises de façon très classique ont permis d’obtenir simplement le résultat esthétique.
Ainsi, le succès clinique dépend en grande partie de la qualité du dialogue entre les différents partenaires.