Par chance, pour nous praticiens, le cadre du cabinet dentaire ou plutôt du fauteuil dentaire s’y prête bien. Personnellement, je fais référence à la «psychodontogénèse du fauteuil dentaire» INPI. En effet, comme je l’ai expliqué, l’induction hypnotique se fait d’elle même sur notre fauteuil, le patient étant en position allongée (1). Il y a un passage du conscient vers l’inconscient qui se fait automatiquement. À condition, bien sûr, que le praticien ait des connaissances suffisantes pour maintenir ce phénomène.
Mais écoutons Milton H. Erickson : « Dans la pratique de la dentisterie, vous souhaitez que la zone buccale du patient soit dans une transe très profonde ; mais pour le reste dans une transe légère. Pour ce faire, dans cette relation patient-praticien avec présence de peur et d’anxiété, vous devez centrer l’attention du patient par votre reconnaissance de cette symptomatologie particulière: c’est-à-dire ses peurs et ses anxiétés. N’essayez jamais de discréditer ce que le patient sait être, pour lui, une réalité. » (2)
Par exemple, nous devons déjà en pratique demander dans notre questionnaire médical ce que le patient redoute au cours de ses futurs soins dentaires, ce qu’il faudra affiner suivant le plan de traitement proposé.
Comme je l’ai déjà postulé, nous savons que nous avons toujours une « régression en âge » (1) du patient sur le fauteuil dentaire. De plus la position allongée du patient, favorise un état modifié de conscience, donc l’hypnose. Ainsi « l’enfant », quel que soit l’âge du patient que nous avons sur le fauteuil dentaire, doit être rassuré afin d’accepter les soins du mieux possible (1).
Sinon une résistance consciente ou inconsciente va apparaître systématiquement. Cela doit être absolument contrôlé pour le bien-être du patient… et aussi du praticien ! (3)
À ce propos cette résistance consciente ou inconsciente du patient, toujours présente au départ, est un facteur aggravant de stress pour tous les praticiens. Cette résistance insidieuse, au long cours, rend le métier du chirurgien-dentiste plus pénible sans qu’il en ait vraiment conscience. Selon le Docteur Serge Deschaux, directeur de l’observatoire national de la santé des chirurgiens-dentistes : « Faut-il encore rappeler, ici, que 48 % des chirurgiens-dentistes sont concernés par le burn out ? ». (4)
Puisque l’on nous parle souvent de données acquises de la science, avec l’IRM et le scanner, il n’est plus possible aujourd’hui de faire l’impasse sur les « états modifiés » du cerveau dans le monde médical. Ainsi dans le monde dentaire, cette connaissance va permettre de rendre les soins plus harmonieux entre les protagonistes : patient, praticien, assistante, secrétaire et prothésiste dentaire, car en fait « l’hypnose c’est de la psychologie » (5).