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Qui nous diplôme chirugien-dentiste ?

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Mais qui donc nous décerne le diplôme de « Docteur en chirurgie dentaire » ?

En première approximation, on pourrait croire que ce sont nos professeurs d’Université. Après six ans de dur labeur dont la vision finale est « Vivement que je sois dentiste ! », ce certificat, d’abord provisoire avant d’être définitif, nous est remis après un cérémonial bien huilé présidé par nos Maîtres habillés d’une longue robe noire et agrémentée, selon le grade, de quelques fourrures du meilleur effet. La famille réunie applaudit juste avant de se régaler de petits fours et de champagne. Les parents se disent en secret : « Enfin casé(e) ! » Puis, puisqu’il faut bien gagner sa vie mais que l’on est pas tout à fait sûr(e) d’être autonome, beaucoup d’entre nous décident de faire une « collaboration » avec une consœur ou un confrère – plus âgée(e) et plus expérimenté(e) – qui va nous apprendre, à moindre risque – à appliquer ce que l’on a appris « à la fac ». C’est l’époque où, du haut de nos 25 ans (l’adolescence n’est pas si loin), certains patients nous regardent avec un air empreint de doute et nous disent : « Vous êtes vraiment dentiste ? » quand ils ne disent pas : « Je préfère être soigné par le patron ». Après tous ces efforts, quelle frustration alors même que notre diplôme est enregistré officiellement au Conseil de l’Ordre ! Comment ces braves gens osent-ils exprimer des doutes sur nos capacités à les soigner ?

Après un nombre limité d’années, nous décidons, après une longue réflexion, de nous « installer ». Pour ce faire, la plupart d’entre nous font les yeux doux à un banquier pour obtenir un prêt de centaine(s) de milliers d’euros en promettant de les rembourser, « foi d’animal, intérêt et capital ». Lui aussi doute de nos capacités à le rembourser lorsqu’il nous demande des cautions, des assurances, une hypothèque.

Heureusement, en début de carrière, le carnet de rendez-vous – plutôt aéré – permet de prendre tout le temps nécessaire à donner des soins de qualité. Après avoir envoyé en éclaireurs les enfants récalcitrants et les grands-parents exigeants, les patients satisfaits nous disent : « Docteur, comme nous sommes contents que vous soyez installé(e) dans la communauté : vous ne faites pas mal, vous êtes gentil, vos honoraires sont raisonnables, vos horaires d’ouverture nous conviennent, on accède facilement à votre cabinet et vos plombages tiennent ! ». Enfin, nous voilà reconnu(e) diplômé(e) comme dentiste et « bon » par-dessus le marché !

Il ne reste plus que le banquier à satisfaire. Ce dernier qui connaît tout de nos comptes nous propose, entre deux « plombages », ses « produits financiers » compatibles avec notre « capacité d’épargne ». Selon ses critères de banquier, il vient de valider notre diplôme et nous estampille comme étant, à ses yeux, un réel chirurgien-dentiste !

Le diplôme de Docteur en chirurgie dentaire est donc comme le permis de conduire, il donne le permis de soigner en sachant que le plus difficile reste à faire.

Ainsi, avec tout le respect dû à vos hautes fonctions, je suis bien obligé de reconnaître, mes très chers Maîtres, que n’est pas « diplômant » celui que l’on croit.

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A propos de l'auteur

Dr Jacques Charon

Parodontiste exclusif, Lille

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