Dr Philippe Pirnay : Après avoir enseigné à la Faculté de chirurgie dentaire de Lille et en être devenu son Doyen, vous voici président de l’Académie nationale de chirurgie dentaire. Que vous inspire cette nouvelle fonction ?
Pr. Pierre Lafforgue : Je considère cette nouvelle fonction avec gravité car je mesure l’honneur qui m’est fait de présider une si noble institution, mais je suis heureux et confiant pour la raison simple que, retraité actif, je peux consacrer mon temps à servir notre Compagnie. Vous faites bien d’évoquer le fait que ces années de direction universitaire vous imprègnent d’une certaine expérience en relations humaines.
Dr. Ph. P. : Quels sont vos principaux objectifs pour cette année de présidence ?
Pr. P. L. : Le principal objectif, que partagent d’ailleurs tous les membres du Bureau, sera de donner à notre Académie cette reconnaissance qui devrait être la sienne, si notre communication avec la profession, les autres Académies et nos organismes de tutelle, était meilleure. Nous sommes conscients que cette reconnaissance ne sera que le reflet de nos actions.
Dr. Ph. P. : Nos confrères connaissent peu les travaux de leur Académie. En quoi cette institution est-elle être proche de leurs préoccupations ?
Pr. P. L. : Je suis personnellement effaré que l’on puisse ignorer les noms et les travaux de tous ceux qui honorent notre Académie. N’êtes-vous pas cet exemple de membre par trois fois primé dans trois Académies médicales différentes ?
Nos préoccupations sont celles pures et simples de la profession. Un exemple : ne sommes-nous pas en ce moment entrain de travailler sur la définition d’un protocole de prise en charge, par les chirurgiens-dentistes, de ces nombreux patients victimes malgré eux de médications par les biophosphonates ?
En 2007, pendant la présidence du Dr H. Ouvrard, n’avons-nous pas, notamment, répondu aux sollicitations de la DGS sur le PRF et la généralisation possible sous certaines conditions strictes, de son application dans nos cabinets dentaires ?
Le CNO ne nous a-t-il pas sollicité pour que nous donnions notre avis sur la possibilité par nos praticiens de prescrire des thérapies préventives dans les cas d’addiction au tabac ?
Oui, le travail de nos commissions est dicté par une somme de sollicitations émanant essentiellement de la profession.
Dr. Ph. P. : Comment les praticiens peuvent– ils avoir accès aux recommandations et rapports de l’Académie ?
Pr. P. L. : Le site de notre Académie fait actuellement l’objet d’une amélioration tant dans la forme que dans son contenu : les confrères peuvent le consulter et nous communiquer leurs suggestions.
Dr. Ph. P. : Les Académies sont souvent perçues comme de vieilles institutions appartenant au passé. Comment votre Académie se projette-t-elle dans l’avenir ?
Pr. P. L. : Il nous faut rajeunir notre Académie, non en se privant des anciens, qui sont la mémoire de notre Compagnie, mais en admettant chaque fois que possible, de jeunes chercheurs qui accepteraient de nous rejoindre et de nous faire partager leur savoir et leur énergie. Vous seriez surpris de constater combien de nos académiciens ont publié d’ouvrages scientifiques ces derniers mois !
Dr. Ph. P. : Quel est votre plus agréable souvenir dans votre exercice professionnel ?
Pr. P. L. : Chaque responsabilité qu’il m’a été donné d’assumer en est un.
Si je devais ne citer qu’un grand moment, je choisirais peut-être celui merveilleux où, avec les enseignants de la sous section de Pédodontie, en clinique hospitalière à Lille,nous avons posé sur deux petites jumelles de deux ans et demi, des prothèses totales pour palier l’anodontie génétique qui les frappait. L’une d’entre elle sauta aussitôt du fauteuil et, découvrant le bonheur d’avoir des dents, se mit à courir en les faisant claquer, dans tout le centre de soins, émerveillant tous les étudiants.
Les responsabilités les plus hautes, les honneurs les plus grands ne remplacent jamais les joies spontanées engendrées par la pratique quotidienne de notre belle profession.
Dr. Ph. P. : Quelle expérience aimeriez-vous partager avec nos confrères?
Pr. P. L. : Sans aucun doute celle qui confirmerait la reconnaissance entière de notre profession comme une discipline complémentaire incontournable de la médecine.
